Un clone d'une entreprise dirigée par des jeunes utilise l'IA pour renforcer la résilience climatique en République démocratique du Congo

01 février 2024
Administrateur Aspyee
Bonnes pratiques
Un clone d'une entreprise dirigée par des jeunes utilise l'IA pour renforcer la résilience climatique en République démocratique du Congo
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Défi JeunesseADAPT Le gagnant IPREN étend la portée de ses solutions numériques d'adaptation au climat pour aider davantage d'agriculteurs du Sahel à s'adapter au changement climatique 

La région du Sahel en Afrique est l’une des régions du monde les plus durement touchées par le réchauffement climatique. Les températures dans la région augmentent 1.5 fois plus vite que la moyenne mondiale, et le Sahel est confronté à une intensification des sécheresses et des inondations. Parmi les six nations situées au cœur du Sahel, trois (le Niger, le Mali et le Tchad) figurent dans certains classements parmi les sept pays les plus vulnérables au changement climatique au monde.  

De nombreuses personnes qui y vivent sont exposées à l’insécurité alimentaire en raison de la faible production agricole liée aux chocs climatiques et à l’inflation des prix alimentaires. La région du Sahel se trouve donc dans une situation critique de crise climatique et d’insécurité alimentaire, face à laquelle la Banque mondiale a souligné la nécessité d’accélérer la croissance et de donner la priorité à l’adaptation climatique. Le secteur agricole a un rôle particulièrement important à jouer dans le développement et la prospérité de la région. 
 
C'est dans ce contexte que Chafi Sani Laouali, un jeune entrepreneur nigérien, a décidé de créer IPREN, une entreprise spécialisée dans la fourniture aux agriculteurs de solutions numériques d'adaptation au climat pour rendre leurs terres agricoles plus résilientes et rentables, malgré les conséquences du changement climatique en la région. Entre autres réalisations, ce jeune entrepreneur a remporté le Défi des solutions d’adaptation pour la jeunesse africaine (Défi YouthADAPT), un concours annuel organisé par le Centre mondial pour l'adaptation (GCA), la Banque africaine de développement et le Fonds d'investissement climatique pour soutenir l'entrepreneuriat des jeunes et les initiatives d'adaptation climatique en Afrique. 

Dans une interview avec GCA, Chafi Sani Laouali, PDG d'IPREN, a partagé son parcours, les difficultés qu'il a rencontrées et la manière dont le YouthADAPT Challenge a aidé son entreprise à atteindre ses objectifs. 
(Cette interview a été traduite du français vers l'anglais et éditée pour plus de clarté) 

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À quels défis liés au changement climatique vous et votre communauté êtes-vous confrontés quotidiennement ?


Chafi Sani Laouali : Le changement climatique a fortement impacté les pays africains, notamment au Sahel, avec la perturbation des régimes pluviométriques. Notre saison des pluies durait autrefois quatre à cinq mois, mais aujourd'hui elle est très courte et les niveaux d'eau diminuent d'année en année. A cela s’ajoute la désertification qui progresse de jour en jour dans la région. En conséquence, la fertilité des sols est faible et la production agricole faible, ce qui impacte considérablement la population locale. 

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Quelles solutions avez-vous trouvées et qu’est-ce qui vous a poussé à créer IPREN ?


Chafi Sani Laouali : La solution que j’ai trouvée est la digitalisation de l’agriculture, que j’ai développée avec mon entreprise IPREN. Dans les pays sahéliens, nous disposons de suffisamment de terres et d’eaux souterraines, mais nous manquons de technologies appropriées pour relier les deux. Aujourd’hui, les agriculteurs continuent d’utiliser des pratiques agricoles rudimentaires telles que les arrosoirs. En conséquence, ils ont besoin de beaucoup de main d’œuvre pour une petite superficie de terre, ce qui a un impact négatif sur les rendements des cultures. C'est dans cette optique que j'ai décidé d'allier technologie et agriculture en créant la solution Smart-O, un kit de contrôle d'irrigation à distance. Personnellement, je crois qu'il existe de nombreuses opportunités d'innovations technologiques dans le secteur agricole et qu'elles peuvent aider les pays sahéliens à surmonter les problèmes auxquels ils sont confrontés avec le changement climatique. 

Où appliquez-vous vos solutions ? Avez-vous un exemple provenant d’une communauté ou d’une province en particulier ?


Chafi Sani Laouali : En termes de stratégie, avec IPREN, nous avons d'abord développé nos solutions en tenant compte de nos conditions de production, c'est pourquoi nous avons signé des partenariats commerciaux stratégiques qui permettent aux petits producteurs de bénéficier de notre solution et surtout de développer une application qui facilite l'achat et la vente. . Nous sommes actuellement présents dans huit régions du Niger à travers un partenariat commercial que nous avons noué avec l'institution de microcrédit Capital Finance. En tant qu'entreprise, nous souhaitons étendre notre présence sur les marchés d'autres pays comme le Burkina-Faso et la Côte d'Ivoire. Nous avons déjà des solutions en place et des partenariats commerciaux avec d'autres sociétés dans ces deux pays et nous souhaitons y développer des succursales rapidement, car la demande pour nos produits est forte. C’est donc une opportunité pour nous de réaliser notre vision et nos objectifs. 

Comment vos solutions contribuent-elles à la communauté et à l’adaptation climatique ?


Chafi Sani Laouali : Je crois que nous révolutionnons l'agriculture ici au Niger et en Afrique. Grâce à nos solutions, nous encourageons les agriculteurs à considérer l'agriculture sous un angle différent, en utilisant les téléphones non seulement pour communiquer, mais à des fins plus utiles et pratiques. Notre objectif est de valoriser l'utilisation des téléphones portables, et nous y parvenons en encourageant les agriculteurs villageois à utiliser nos solutions.

Quels sont les défis et obstacles que vous avez rencontrés en essayant de mettre en œuvre vos solutions ?


Chafi Sani Laouali : Le premier défi a été l'acceptation de l'innovation. En Afrique, nombreux sont ceux qui ne croient pas à l'innovation. Nous avons visité d'innombrables marchés et villages pour proposer notre solution, mais un grand nombre d'agriculteurs ont préféré continuer à utiliser leurs méthodes traditionnelles, comme les arrosoirs, car ils ne pensaient pas que notre solution permettrait d'arroser correctement les plantes. En conséquence, nous avons dû mener une campagne de communication et de démonstration pour rallier les agriculteurs à notre solution.  
Entre-temps, nous avons également été confrontés à des problèmes de coûts, car les villageois trouvaient notre solution trop coûteuse. C'est pourquoi nous nous sommes tournés vers notre partenaire stratégique Capital Finance, grâce auquel les agriculteurs ont pu acquérir notre solution à crédit. Avant le récent coup d'État au Niger, qui a ralenti les activités et les projets à l'échelle nationale, nous avions négocié un partenariat avec le gouvernement pour subventionner une partie de notre solution.

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Qu’est-ce qui vous a poussé à postuler au challenge YouthADAPT ? 


Chafi Sani Laouali: Quand j'ai vu le challenge YouthADAPT, j'ai réalisé que c'était une opportunité pour l'IPREN de réussir à concrétiser sa vision, et plus particulièrement son objectif de s'étendre sur tout le continent. YouthADAPT a également été l'occasion de participer à un défi international qui m'a permis d'améliorer ma façon de gérer l'entreprise ainsi que nos capacités financières. Plus généralement, ce défi nous a permis d'orienter notre vision, de nous rapprocher de nos objectifs et d'améliorer nos compétences managériales. 

Comment avez-vous utilisé les ressources reçues du programme ?


Chafi Sani Laouali: J'ai utilisé les ressources reçues pour améliorer notre communication afin de faire connaître IPREN à une plus grande échelle, une stratégie que je considère essentielle pour l'entreprise et ses objectifs continentaux. J'ai amélioré notre communication, organisé des séances de démonstration et, surtout, fait une présentation officielle avec une partie de l'argent qui nous a été accordé. Pour cette présentation, j'ai invité des partenaires stratégiques, des représentants d'ONG et des coopératives agricoles à démontrer l'impact et l'efficacité de notre solution.  

IPREN améliore actuellement notre solution pour la rendre encore plus simple à utiliser, grâce au financement reçu de YouthADAPT. Nous développons également une solution de contrôle de l'irrigation qui permet aux agriculteurs de collecter des données sur les paramètres du sol. Une fois que nous disposons des données sur le sol, nous pouvons suggérer aux agriculteurs la quantité d’engrais nécessaire, en fonction des carences du sol. Il s’agit d’un exemple de solution d’adaptation innovante axée sur l’adaptation de nos sols, qui souffrent d’une faible fertilité. 

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Quelles sont les prochaines étapes pour vous ? Quelles sont vos ambitions pour IPREN ?


Chafi Sani Laouali : Concernant la solution de contrôle de l'irrigation, nous prévoyons de la lancer en janvier 2024. Quant à nos ambitions, nous souhaitons nous étendre dans d'autres régions du continent africain. Comme je l'ai mentionné, nous avons commencé à travailler sur les marchés du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire et nous souhaitons avoir une succursale active dans ces pays pour étendre nos activités. Plus généralement, notre objectif n’est pas seulement d’appliquer cette technologie agricole africaine dans un seul pays. L'ambition de l'IPREN est d'être le leader de la digitalisation du secteur agricole à travers l'Afrique.  

Pensez-vous que rentabilité économique et adaptation au changement climatique peuvent être des objectifs compatibles pour une entreprise ?


Chafi Sani Laouali : IPREN est à mon avis un exemple concret de la compatibilité de ces deux objectifs. Plus généralement, je pense que la compatibilité entre rentabilité économique et adaptation climatique dépend du type d’entreprise. Pour les entreprises axées sur l’agriculture, il existe de nombreuses opportunités pour lier rentabilité économique et adaptation climatique, notamment grâce à l’innovation. 

Quels conseils donneriez-vous à d’autres jeunes entrepreneurs africains ?


Chafi Sani Laouali: Comme je l'ai mentionné, l'innovation est essentielle pour les jeunes entrepreneurs. En matière d’entrepreneuriat, vous devez savoir ce que vous voulez, définir vos objectifs et avoir une vision claire pour les atteindre. Dans mon cas, je voulais me lancer dans l'entrepreneuriat parce que ma vision n'était pas d'être employé par quelqu'un d'autre, mais plutôt de créer de la valeur et de proposer des solutions aux problèmes de la société tout en créant des profits économiques.