Le lancement du « Dialogue de Doha » sur la mobilité de la main-d'œuvre entre le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et l'Union africaine (UA), tenu les 21 et 22 mai 2024 à Doha, au Qatar, a constitué une étape cruciale dans les efforts visant à renforcer gouvernance de la mobilité de la main-d’œuvre et protection des droits des travailleurs migrants. Cet événement a réuni des ministres, des hauts fonctionnaires et des représentants de pays africains, dont l'Algérie, la Libye, la République démocratique du Congo, la Sierra Leone, le Burundi, le Tchad, la Côte d'Ivoire, la République du Congo, Djibouti, l'Égypte, l'Érythrée, Ghana, Kenya, Maroc, Nigéria, Cameroun, Somalie, Afrique du Sud, Soudan du Sud, Sénégal, Tanzanie, Tunisie, Ouganda, Zambie et Éthiopie. Parmi les pays du Moyen-Orient, les participants comprenaient des représentants des Émirats arabes unis, de Bahreïn, d'Arabie saoudite, d'Oman, du Koweït, du Qatar, de Jordanie et du Liban. L'événement a également vu la participation des partenaires sociaux régionaux, à savoir la CSI Afrique, l'OUSA, Business Africa et le syndicat de la Ligue arabe, ainsi que des CER. L'OIT et l'OIM ont participé en tant qu'observateurs, apportant des informations et une expertise précieuses.
Le contexte de ce dialogue est ancré dans l’augmentation rapide de la migration de main-d’œuvre de l’Afrique vers les pays du CCG, la Jordanie et le Liban. La proximité géographique et les facteurs d'incitation, tels que la lente croissance économique dans certains pays africains, ont contraint de nombreux travailleurs migrants à rechercher des opportunités d'emploi à l'étranger. Reconnaissant les avantages sociaux et économiques de la mobilité de la main-d’œuvre et la nécessité d’une approche collective et harmonisée pour protéger les travailleurs migrants, les États membres du CCG, de la Jordanie, du Liban et de la CUA ont lancé ce dialogue. Le nombre de travailleurs migrants dans les pays du CCG, en Jordanie et au Liban a considérablement augmenté au fil des ans, les expatriés africains constituant une proportion notable.
Contrairement aux travailleurs asiatiques, la migration des travailleurs africains vers la région du Golfe est relativement récente. Cette mobilité a été influencée par plusieurs facteurs, notamment l'implication croissante du secteur privé et la demande croissante de travailleurs migrants dans divers secteurs tels que le travail domestique, l'agriculture, la construction, la logistique, les voyages, l'hôtellerie et d'autres secteurs de services. Ces secteurs attirent principalement des travailleurs migrants peu et semi-qualifiés.
Dans ce contexte, l'État du Qatar et l'UA ont convenu de lancer le Dialogue de Doha sur la mobilité de la main-d'œuvre, afin de créer une plateforme publique de dialogue entre les pays africains en tant que pays d'origine et le CCG, la Jordanie et le Liban en tant que pays de destination. permettre l’échange d’idées et d’expériences émergentes. Ce dialogue a promu les meilleures pratiques qui renforcent les efforts de coopération interrégionale et favorisent les partenariats visant à améliorer le cycle de travail contractuel des travailleurs migrants et à consolider les mesures de protection fondées sur les droits de l'homme. Le dialogue est envisagé comme un moyen stratégique pour promouvoir des voies de migration régulières grâce à des pratiques de recrutement équitables, garantissant que la mobilité des travailleurs migrants en provenance des pays africains est sûre, ordonnée et régulière.
L'événement a débuté par une réunion technique le 21 mai, suivie d'une réunion ministérielle le 22 mai. Au cours de la réunion technique, les participants ont discuté des termes de référence et des modalités du dialogue. Des présentations ont été faites sur la promotion de pratiques de recrutement équitables, tant du point de vue africain qu'au sein du CCG. Les représentants des pays ont partagé des rapports d'avancement sur les réformes de la mobilité de la main-d'œuvre, soulignant les efforts déployés pour améliorer la gouvernance de la migration de main-d'œuvre et la protection des travailleurs migrants. La réunion ministérielle a été marquée par les discours des ministres participants, soulignant l'importance d'une gouvernance efficace de la mobilité de la main-d'œuvre. Les perspectives de l'Organisation internationale du travail (OIT) et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) sur les tendances, les enjeux et les opportunités en matière de gouvernance des migrations de main-d'œuvre ont été présentées.
Le principal résultat du dialogue a été la mise en place d'un processus visant à résoudre les problèmes liés à la migration de main-d'œuvre dans le corridor Afrique-Golfe. Ce processus vise à élargir la base d’une compréhension commune des questions de migration de main-d’œuvre et à influencer les pratiques et politiques dans les deux régions. Avec l'adoption de la Déclaration de Doha, les États membres ont établi un cadre pour le dialogue et la coopération futurs entre les deux régions et ont ouvert la voie à un dialogue continu tous les deux ans, favorisant un esprit de coopération et de partenariat.